L’histoire de l’éducation en français en Nouvelle-Écosse débute sans doute en 1606 avec le travail de Marc Lescarbot, avocat, qui enseignait aux premiers colons en Acadie à Port-Royal.

Dès 1611, des missionnaires catholiques sont venus de France pour instruire et évangéliser les autochtones et les colons.

Une école a été fondée à la Hève en 1633 par les Capucins et a ensuite déménagé à Port-Royal. Le Séminaire de Port-Royal est considéré comme la première école en Nouvelle-France. En 1641, Jeanne d’Auxerre est devenue directrice d’une école pour filles à Port-Royal. Les deux écoles ont existé jusqu’en 1652, quand une invasion des Anglais a mis fin à la colonie.

L’éducation était contrôlée par la province dans un environnement anticatholique. En 1841, l’adoption d’une loi permet d’enseigner le français et le gaëlique au même titre que l’anglais. Cependant, en 1864, la Loi Tupper désigne toutes les écoles comme des institutions publiques où seul l’anglais y est enseigné. Le peuple acadien perd ainsi le personnel enseignant de langue française venant de l’extérieur.

L’insistance des parents, par leurs pétitions répétées en 1909, 1922 et de 1926 à 1929, a obligé le gouvernement provincial à approuver des cours d’été pour le personnel enseignant de langue française. Le ministère de l’Éducation a publié un programme d’études pour les écoles des régions acadiennes en 1939 et un nouveau programme d’études en 1941. La Loi 65 de 1981 a entrainé le premier fusionnement des conseils scolaires de la province qui en a réduit le nombre de 85 à 22. La loi a aussi conféré à l’école acadienne un statut légal et a autorisé les Acadiens et francophones à recevoir une éducation en français dans les écoles acadiennes « où le nombre le justifie ». La section 7 de la Loi sur l’éducation permet que le français soit utilisé pour l’administration et la communication dans les écoles acadiennes.

L’éducation en français a continué à évoluer au fil des ans avec le Conseil scolaire Clare-Argyle School Board qui a produit le rapport Du rêve à la réalité sur l’implantation de l’école acadienne contenant 54 recommandations visant une éducation en français. Le ministère de l’Éducation a tenu compte de ces recommandations en établissant un Livre blanc sur l’éducation.
La Charte canadienne des droits et libertés a clarifié que l’article 23 donne aux parents le droit à l’éducation en français. Les parents francophones qui étaient en faveur de l’école de langue française ont été confrontés par d’autres parents voulant une éducation « bilingue », ce qui a causé des divisions parfois agressives. La situation s’est empirée surtout dans les régions de Chéticamp, d’Argyle et de la Baie Sainte-Marie.

Le Conseil scolaire acadien provincial (CSAP) a été créé en 1996 pour offrir une éducation en français dans toutes les régions désignées francophones de la province. Le nouveau conseil scolaire francophone faisait suite à une fusion des conseils scolaires anglophones pour en diminuer le nombre à six (présentement sept). Le CSAP a continué d’ajouter des programmes français au curriculum de ses écoles, mais la qualité de l’éducation ne satisfaisait pas la Fédération des parents acadiens de la Nouvelle-Écosse (FPANE). Avec six parents, la FPANE a intenté un procès contre le ministère de l’Éducation et le CSAP dans le but d’obtenir une programmation française et des écoles homogènes dans les régions où ce n’était pas fait accompli. Le 15 juin 2000, huit mois après le procès, le juge Arthur LeBlanc a rendu un jugement en faveur des parents et de la FPANE.

En 2015, le CSAP compte 22 écoles homogènes francophones qui accueillent quelque 4 800 élèves dans les principales communautés ayant une population acadienne et francophone importante.

Sites Web

Sources bibliographiques

ROBICHAUD, Jean-Louis, Du rêve à la réalité : L'implantation et le développement de l'école acadienne, Conseil scolaire Clare-Argyle School Board, 1984, 130 p.

ROSS, Sally, Les écoles acadiennes en Nouvelle-Écosse, 1758-2000, Moncton, Centre d’études acadiennes, Université de Moncton, 2001.