Les anses sont de petites baies peu profondes. La carte hydrographique de l’Isle Madame en compte plusieurs.

Un petit nombre d’Acadiens échappèrent à la déportation des régions de Grand-Pré et Beaubassin et arrivèrent à l’Isle Madame entre 1755 et 1757. Ils se réfugièrent dans les anses avec les pêcheurs acadiens, basques et français déjà sur place (les deux grands havres de l’Isle Madame, Petit-de-Grat et Arichat, étaient alors inhabités). Peu de temps après, les pêcheurs de l’Isle Madame subirent une deuxième déportation.

En 1758, des miliciens américains, sous les ordres du militaire anglais James Wolfe, en route de Louisbourg vers Québec, passèrent à l’Isle Madame et incendièrent les lieux acadiens, basques et français. Les établissements de l’Isle Madame, et surtout le village de Petit-de-Grat, furent rasés. Les flammes détruisirent les maisons, les granges et les animaux, l’église de la paroisse Ste-Claire, les provisions, les semences et les gréements de pêche. Les pauvres habitants, ruinés, seront abrités à l’intérieur des terres du lac Bras d’Or par leurs amis de toujours, les Mi'kmaq.

L’année suivante, les pêcheurs s’établirent de nouveau dans les anses pour des raisons stratégiques. Ils voulaient surveiller la flotte navale anglaise et avoir la possibilité de s’échapper par mer en chaloupe. Ils craignaient d’être victimes d’attaques à cause de l’emplacement des havres naturels. Les noms attribués à certains lieux comme « Cap-au-Guet » et « Anse-au-Guet » sur l’Isle Madame témoignent de cette époque.

Les pêcheurs acadiens des anses utilisèrent des chaloupes pour naviguer en mer. C’étaient des embarcations à rame et à voile. Les anses leur permirent de raccourcir le trajet pour se rendre aux bancs de pêche. Le gros gravier sur la pente des plages servait de vigneau naturel pour faire sécher la morue. Le goémon, si abondant sur les côtes des anses, fut utilisé comme engrais pour les jardins et les champs. Ainsi, les anses jouèrent un rôle stratégique dans l’histoire de la colonisation de l’Isle Madame.

Sources bibliographiques

BROWN, Richard, A History of the Island of Cape Breton, London, England, 1869.

DUBOIS, Abbé Émile, Chez nos frères les Acadiens, Bibliothèque de l’Action Française, Montréal, 1920, p.132-133.