Quand il est question de danse en Acadie, il est essentiel de faire un survol des interdictions. Les autorités ecclésiastiques, tant dans l’Église catholique que protestante, considéraient la danse comme une invention diabolique.

Pour ces institutions, la danse engendrait une occasion de péché et éveillait une expression sensuelle des passions où l’âme est mise en danger. La danse risquait d’ouvrir la porte aux désordres moraux, religieux et sociaux.

Jusqu’au milieu du XXe siècle, l’Église catholique romaine distinguait trois catégories de danse : honnêtes, dangereuses et mauvaises. Selon les mandements des évêques de l’époque, ce n’était pas la danse en soi qui était condamnable, mais le contexte dans lequel elle avait lieu, notamment le temps de la journée, l’endroit, la consommation d’alcool, la façon dont les gens s’habillaient et leur comportement.

Plusieurs folkloristes en Acadie ont recueilli des légendes et des chansons qui traitent de mauvais sorts subis par des jeunes qui se sont laissé emporter par leur amour de la danse. La légende Le diable à la danse raconte la punition d’une jeune fille qui était allée danser malgré les conseils de ses parents. Les enfants entêtés, chanson traditionnelle, vise à interdire la danse en effrayant les gens.

Les interdictions ont persisté jusque vers les années 1960. C’est alors que les autorités se sont concentrées plutôt sur des questions d’ordre spirituel. De nos jours, les gens dansent librement.

Sources bibliographiques

LEBLANC, Barbara, « L'Église et la danse », dans Patrimoine des franco-américains, sous la direction de Claire QUINTAL, Québec, le Conseil de la vie française en Amérique du Nord, 1986, p. 115-126.
 
LEBLANC, Barbara, « Les interdictions dans la danse », dans Canadian Folk Music Journal/Revue de musique folklorique canadienne, The Canadian Folk Music Society/La  société canadienne de musique folklorique, vol. 13, décembre 1985, p. 13-20.

Documents

Lettre circulaire adressée aux curés de l'Acadie par Mgr. Pontbriand, le 20 avril 1742, Mandements, vol. 11, p. 15.

« Danses nocturnes et scandaleuses », Mandements, lettres pastorales et circulaires des évêques du Québec, vol. 14, 1932-1935.

La transcription de la musique et les paroles de la chanson « Les enfants entêtés », CHIASSON, Anselme et Daniel BOUDREAU, Chansons d'Acadie, Moncton, Éditions Aboiteaux, 3e série, p. 34.

« La légende Le diable à la danse », CHIASSON, Anselme, Les légendes des îles de la Madeleine, Montréal, Éditions Planète Rebelle, 2004