La politique

L’évolution de la politique chez le peuple acadien a suivi un parcours plutôt incohérent. Elle se compose de trois périodes : avant la Déportation, de 1755 à la moitié du XIXe siècle et de la fin du XIXe siècle jusqu’à nos jours.

La période initiale comprend la colonisation de l’Acadie et l’établissement du peuple acadien sous des gouverneurs différents selon le pays, la France ou la Grande-Bretagne, qui règne en Acadie. A partir du Traité d’Utrecht, en 1713, et jusqu’au début de la Déportation en 1755, le peuple acadien est sous domination britannique. Durant cette période, le peuple acadien devient plutôt autonome, et ses rapports avec l’autorité se font par l’intermédiaire de représentants ou délégués choisis parmi ses citoyens.

La période suivante, à partir de 1755, dure environ un siècle et se caractérise par une pénible survivance à tous points de vue. Désorientés et désemparés, les Acadiens n’ont guère le moyen d’influencer les décisions politiques qui les affectent. Dispersé et démuni d’institutions éducatives dans sa langue, souvent soumis à des lois prohibitives à l’endroit de sa langue et de sa religion, ce peuple est traité en paria par une société majoritairement anglophone et protestante.

C’est vers la moitié du XIXe siècle que le peuple acadien des Maritimes commence à prendre en main sa destinée dans la sphère politique. L’établissement de collèges (le Collège Saint-Joseph en 1864 au Nouveau-Brunswick et le Collège Sainte-Anne en 1890 en Nouvelle-Écosse), la création d’une presse acadienne (L’Évangéline en 1887 à Digby, N.-É., Le Petit Courrier du Sud-Ouest en 1937 à Pubnico-ouest, entre autres), la publication en 1847 du poème de l’américain Henry W. Longfellow, Évangeline : A Tale of Acadie, tous ces événements constituent un essor permettant aux Acadiens, notamment de la Nouvelle-Écosse, de reprendre leurs forces. En 1837, deux Acadiens, Simon d’Entremont pour Argyle et Fédérick-Armand Robicheau pour Clare, sont élus à l’Assemblée législative. Ils sont suivis en 1843 par François Lambert Bourneuf pour le comté de Digby, et en 1878 par Isidore LeBlanc pour Arichat. En 1907, le premier sénateur acadien en Nouvelle-Écosse, Ambroise-H. Comeau, Baie Sainte-Marie, est nommé à la Chambre haute. Depuis cette nomination, un Acadien a toujours siégé au sénat de la Nouvelle-Écosse. Et sur le plan religieux, Rome acquiesce finalement aux doléances des Acadiens en nommant en 1912 un des leurs de la Nouvelle-Écosse à un siège épiscopal : Mgr Édouard LeBlanc.

Depuis ces modestes débuts, le peuple acadien continue à jouer un rôle de plus en plus marqué en politique provinciale et fédérale. Bien qu'ils ne constituent qu'une faible proportion de la population provinciale, les Acadiens ont tour à tour pris leur place à l’Assemblée législative et au Parlement canadien, comme députés de régions acadiennes et même comme ministres de la Couronne. Aujourd’hui, bien que les Acadiens soient loin d'être majoritaires en politique provinciale, ils défendent bien leurs droits : sur le plan de l’éducation, il existe en loi le Conseil scolaire acadien provincial, l’Université Sainte-Anne avec ses nombreux campus, la Loi sur les services en français et le Bureau des affaires acadiennes avec un ministre attitré. Il existe aussi plusieurs organismes acadiens qui voient aux intérêts des leurs et font la promotion de la langue et la culture propres à chaque région acadienne.

Gérald Boudreau

Isidore LeBlanc, fils de Pierre LeBlanc et Barbe Landry, vit le jour à Arichat le 30 novembre 1837. Patriote, marin, marchand et politicien, il mourut le 26 juin 1919.

Gérald Doucet, fils de Joseph Doucet et Antoinette Aucoin, est né le 4 mai 1937 à Grand-Étang au Cap-Breton.

Honoré Martell, fils de Joseph Martell et Barbe Forêt, est né à Main-à-Dieu, Cap-Breton, le 3 août 1806.

« J’avalerais plutôt un chien de mer, la queue la première, que de jurer ça. » Telles sont les paroles prononcées par Simon d’Entremont à l’ouverture de la 15e Assemblée législative de la Nouvelle-Écosse en 1837, au moment où il refuse d’être assermenté par le « Grand serment » du Test selon l’ancienne formule pré-1823.