Une langue n’est jamais statique. Elle est dynamique et en devenir continuel. Dans la francophonie, différents groupes, séparés par des barrières géographiques et sociales, ont développé un parler qui leur est propre en conservant des éléments de la langue d’origine et en modifiant d’autres éléments. Les innovations et les adaptations illustrent la créativité d’un groupe qui, influencé par des facteurs comme l’isolement, l’appartenance à une paroisse, le type de travail, et la proximité d’une autre langue, cherche à communiquer de façon efficace.
La renommée linguiste française, Henriette Walter, explique qu’il ne faudrait pas croire qu’un dialecte ou un patois est une langue mal parlée. Selon elle, c’est bel et bien une langue à part entière, avec une grammaire et un lexique spécifiques. La langue française qui est considérée standard n’est qu’un patois qui a réussi à cause d’un pouvoir politique, social et économique.
Dans le cas du groupe minoritaire francophone acadien, nous parlons souvent d’un peuple sans pays. En effet, avec la Déportation (1755-1763), les Acadiens et les Acadiennes ont été dispersés aux quatre coins du monde. En conséquence, ils se sont trouvés isolés d’une communauté linguistique plus large. Ainsi, isolés les uns des autres, leur langue représente un répertoire riche en variations linguistiques. Le Glossaire acadien de Pascal Poirier, édité par Pierre M. Gérin et le Dictionnaire du français acadien (1999) compilé par Yves Cormier peut vous aider à mieux comprendre et à explorer la richesse du parler acadien.
Tous les peuples et toutes les langues à travers le monde se distinguent par une variété d’accents et d’expressions uniques à leur région, et c’est cette variété qui fait la beauté d’une langue. Ce thème présente, entre autres, des particularités du parler acadien des quatre régions principales acadiennes de la Nouvelle-Écosse.
Le français parlé à l’Isle Madame reflète une richesse historique dont l’origine provient de France et du Pays Basque. Des noms de villages comme Petit-de-Grat (degrat, mot basque pour station de pêche) et d’Escousse (du nom de l’officier français Decoux ou, selon la tradition orale, la « secousse » saisonnière de pêche) en témoignent.
Les Acadiens de la Nouvelle-Écosse, peu nombreux et isolés géographiquement, ont conservé dans leur langue plusieurs caractéristiques des parlers français importés particulièrement du Poitou et de la Saintonge à partir des années 1630.
Quelques expressions imagées du parler chéticantainLe français que parlent les habitants de la région de Chéticamp, comme tout parler acadien, a une spécificité toute particulière.
Plusieurs mots et expressions utilisés dans la région de Par-en-Bas sont les mêmes ou presque les mêmes que dans la région du Cap-Breton. Ces mots viennent du vieux parler acadien, parfois utilisés pour une différente raison, selon le besoin, avec de légères variations.
Acadie, accents, anciens mots, anglicismes : ce ne sont là qu’une partie des termes utilisés pour décrire nos particularités linguistiques lorsqu’on observe la langue en tant qu’« objet ».