Selon la définition officielle de l’Organisation mondiale de la santé, la médecine traditionnelle « se rapporte aux pratiques, méthodes, savoirs et croyances en matière de santé qui impliquent l’usage à des fins médicales de plantes, de parties d’animaux et de minéraux, de thérapies spirituelles, de techniques et d’exercices manuels – séparément ou en association – pour soigner, diagnostiquer et prévenir les maladies ou préserver la santé ».
Il va sans dire que les premiers colons français arrivés en Amérique du Nord ont largement utilisé des remèdes ou la médecine traditionnelle de leur pays d’origine. Ces pratiques européennes se sont ensuite combinées à celles des Amérindiens. Il faut admettre qu’au début de la colonisation et plus tard parmi le peuple acadien, l’accès à des personnes formées en soins de santé était pratiquement inexistant. Il fallait donc recourir, pour guérir les maux graves ou moins graves, à des croyances populaires et à des pratiques traditionnelles transmises de génération en génération. Celles-ci étaient fondées sur l’utilisation et les concoctions de plantes médicinales ou d’écorce d’arbres choisis, ou encore de certaines parties animales ; parfois même elles nécessitaient des rites ou des incantations magiques ou encore des exorcismes.
En Acadie, les Acadiens étaient en grande partie, sinon complètement, dépourvus de soins professionnels, disponibles à l’époque seulement dans les plus grands centres européens. Avant l’ère moderne, le prêtre, lorsqu’il était présent, agissait souvent comme premier conseiller en toute matière de la vie quotidienne, y compris en matière de santé, et il recommandait habituellement un remède, en y ajoutant une connotation religieuse pour la guérison. C’est dans ce contexte que les sages-femmes devenaient essentielles à la survie des générations. Au tournant du 19e siècle, elles étaient assermentées conformément au Rituel du Diocèse. Elles assistaient aux accouchements pour assurer l’arrivée salutaire d’une nouvelle vie, et en cas de danger de mortalité de l’enfant, elles pouvaient ainsi l’ondoyer pour sauver son âme.
Dans bien des cas au cours des siècles derniers, la vie quotidienne des Acadiens était laborieuse et manuelle; aussi les accidents à la ferme domestique ou sur les chantiers n'étaient pas rares. Or, l’hygiène n’était pas développée comme elle l'est au XXIe siècle, ce qui permettait souvent aux maladies contagieuses et aux épidémies de proliférer. L’assurance médicale n’existant pas, il fallait payer le médecin lorsqu’il était nécessaire d’obtenir ses soins professionnels. Par conséquent, les Acadiens recouraient la plupart du temps à la médecine ou aux remèdes traditionnels, transmis de génération en génération depuis leur pays d’origine et pratiqués en territoire acadien.
Ce thème fait partie du riche folklore acadien depuis très longtemps, et plusieurs auteurs contemporains ont jugé important et utile de le traiter au cours des récentes décennies, comme l’indique la bibliographie incomplète annexée. Le lecteur trouvera ici quelques capsules qui complémenteront ses connaissances sur le sujet.
L’isolement et le manque de formation médicale furent les principaux facteurs qui poussèrent les Acadiens à développer des connaissances sur les propriétés médicinales des plantes régionales.
Autrefois, vivant en région rurale isolée, les Acadiens de l’Isle Madame étaient privés des services de médecins. Et quand, plus tard, il y eut des médecins, les gens ne pouvaient pas se payer les visites. On recourait donc aux remèdes naturels pour les divers soins de santé et les accouchements. Ainsi, la sage-femme assumait le rôle d’accoucheuse et de guérisseuse.
Les tisanes étaient des breuvages chauds à base d’eau, de sucre et de plantes. Autrefois, on utilisait les tisanes pour traiter de nombreuses maladies humaines. Il y avait aussi les « ponces », breuvages forts provoquant des suées pour éliminer les toxines du corps.