L'économie

Dès le début de la colonisation de l’Acadie, la survivance est la préoccupation principale des premiers arrivants de la France. Pendant environ un demi-siècle après la colonisation, l’économie d’autoconsommation est la règle de ce nouveau peuple. Vers la fin du XVIIe siècle, malgré la situation politique aléatoire en Acadie, les colons français, en voie de devenir autonomes, commencent une ère d’économie plus productive au moyen du défrichage des terres et de l’assèchement des marais, entre autres. Jusqu’en 1755, date à laquelle la Déportation est orchestrée, cette période est pour le peuple acadien probablement la plus florissante, selon certains auteurs. C’est aussi durant cette période, au grand désespoir des conquérants, que le peuple acadien entretient un commerce habituel, entre autres, avec la forteresse française Louisbourg, avec la Nouvelle-Angleterre et même avec les corsaires français au large des côtes.

Comme on peut s’y attendre, tout change suite à l’exil forcé. À partir de ce moment et jusqu’à l’ère contemporaine, le peuple acadien est confronté à des défis de taille. C’est le rétablissement, souvent pénible, de ce peuple principalement dans les provinces maritimes. Dans la société occidentale et nord-américaine, c’est l’arrivée de l’ère industrielle, ce sont les guerres mondiales, c’est la grande crise économique. Tous ces facteurs, joints au manque presque total de capital parmi le peuple acadien, rendent difficile sinon impossible sa participation active au développement de la société qui l’entoure. L’agriculture familiale, la pêche et l’exploitation de la forêt sur des terres obtenues par concession sont les principales activités de ce peuple. Avec le temps, ces terres finissent par être vendues à des entrepreneurs étrangers qui possèdent ou qui obtiennent le capital requis pour les exploiter sur une plus grande échelle. De plus, au tournant du XXe siècle et pendant des années, plusieurs Acadiens émigrent aux États-Unis, surtout dans les états de la Nouvelle-Angleterre, pour tirer un salaire capable de subvenir aux besoins de leur famille. En somme, pour beaucoup d’Acadiens au 19e siècle et durant une grande partie du XXe, c’est le prolétariat qui prévaut comme moyen principal de subsistance.

Néanmoins, quelques habiles entrepreneurs acadiens réussissent à s’établir, aux XIXe et XXe siècles, et quelques compagnies voient le jour à l’ouest et à l’est de la Nouvelle-Écosse. Ces compagnies, employant parfois des centaines de personnes, exercent un commerce important non seulement dans leur région mais aussi avec des pays étrangers, tels les États-Unis et les Antilles. Plus récemment, avec des moyens plus contemporains de transport des marchandises, certaines font même du commerce en Europe et en Asie, entre autres. Cette thématique présente en résumé l’évolution de l’économie acadienne en Nouvelle-Écosse et quelques exemples de son développement récent.

Gérald Boudreau

Bernardin Comeau (Archives de CSF)

Au cours des années, plusieurs infrastructures économiques des communautés acadiennes de la Nouvelle-Écosse ont eu une existence passagère. Ce ne fut pas le cas pour l’entreprise Comeau’s Sea Foods de Saulnierville. Grâce à l’esprit visionnaire, au travail et à la persévérance de l’un de ses fondateurs, Bernardin Comeau, l’entreprise est devenue une pierre angulaire de l’économie de Clare.

En 1906, Edmond Mandé Comeau, de Meteghan à la Baie Sainte-Marie, fonde une compagnie pour scier du bois de boîtes non montées et pour construire des boîtes en bois, répondant aux besoins locaux, surtout ceux de la pêche. Deux moulins à eau externes fournissent d'abord le bois scié, puis ils sont remplacés en 1937 par un nouveau moulin, plus performant, construit sur le terrain de l’usine à Meteghan. En 1938, Edmond M. Comeau choisit de former une compagnie avec ses fils et, le 22 janvier 1942, E. M. Comeau et fils Ltée est incorporée.

Ressortissant français né en 1787, François Lambert Bourneuf navigue en 1809 sur une frégate impériale au service de Napoléon Ier. Il est capturé par la Grande-Bretagne sur les Grands Bancs de Terre-Neuve et emprisonné à Halifax, Nouvelle-Écosse. Il s’en échappe vers 1812 pour se rendre chez des compatriotes au sud-ouest de la Nouvelle-Écosse.

La naissance du phénomène Frenchy’s peut être attribuée à la rencontre de deux énergies complémentaires : l’esprit imaginatif de son fondateur Edwin Thériault et la soif d’aubaines chez les Acadiens de la Baie Sainte-Marie. C’est en 1971 qu’Edwin, surnommé Frenchy, partit de Boston avec 1000 livres de vêtements d’occasion dans son pick-up pour venir s’installer à la Baie. Les nouveaux voisins d’Edwin ne tardèrent pas à farfouiller dans sa cargaison insolite. Aujourd’hui, Edwin lui-même avoue que l’ampleur du phénomène économique et culturel de son entreprise a dépassé toutes ses attentes.

Vers 1882, J. H. Porter & Co. était reconnu comme le plus grand commerçant de poissons et le plus grand employeur du comté de Yarmouth. Fondée en 1870 par deux frères acadiens, Jérémie Henri Pothier et Anselme Odilon Pothier, du village acadien Tusket Wedge, aujourd’hui Wedgeport, cette compagnie contribua de façon appréciable à l’économie de son milieu. Leur père, Cyrille Pothier, avait lancé dans le même village un commerce plus modeste vers 1829, devenu la compagnie Cyrille Porter & Son, qui subsista jusqu’à sa retraite en 1870, moment où J. H. Porter & Co. vit le jour.

La création de l’Office des affaires acadiennes a été le résultat des nombreux efforts de la part de la communauté acadienne et francophone de la Nouvelle-Écosse pour obtenir des services gouvernementaux en français. Le parcours a été assez long et a commencé en 1984, avec une promesse électorale qui voulait qu’une politique officielle soit adoptée afin de permettre au gouvernement provincial d’offrir des services en français dans les régions acadiennes.

La pêche à l’espadon était vibrante à l'Isle Madame et dans les autres communautés côtières pendant les années 1940 et 1950.
Les bateaux étaient transformés pour la pêche à l’espadon : un mât était érigé au milieu du bateau; juché à mi-mât, le capitaine pouvait gouverner le bateau et en contrôler la vitesse. Les pêcheurs avaient des perches. Ils s’installaient dans le mât avec leur casque à bec long qui leur permettait de scruter la surface de la mer à la recherche de la nageoire dorsale de l’espadon.

La vitalité économique est l’élément fondamental de la pérennité de toute communauté. Sans moyen de se nourrir et d’assurer une qualité de vie, les préoccupations linguistiques, sociales et culturelles sont secondaires. Une économie vibrante est essentielle à la prospérité des communautés acadiennes. En Nouvelle-Écosse, selon Statistiques Canada, il existe 1 700 entrepreneurs et coopératives dans les cinq régions acadiennes.

À la fin du dix-neuvième et au début du vingtième siècle, le « storm drum », système de signalisation de tempêtes en mer s’avéra un instrument essentiel pour les marins et les navigateurs. C’était un mécanisme météorologique rudimentaire qui informait, par des formes et des symboles, les marins des conditions climatiques sévères.
Le « storm drum » était construit sur la plus haute colline de la communauté afin qu’il soit visible, de très loin, par la grande majorité des marins naviguant en direction de Petit-de-Grat.

Né en 1932, Louis E. Deveau est originaire de la Rivière-au-Saumon en Nouvelle-Écosse. Il est le fils du forgeron du village. Il commence ses études à l’école du village et s’inscrit ensuite à l'Université Sainte-Anne où il obtient un baccalauréat en arts en 1953. Il poursuit ensuite ses études en génie et décroche un baccalauréat de la Technical University of Nova Scotia en 1957.

Les Entreprises Samson se lancent en affaires en 1987 à l’Isle Madame. Les fondateurs, Herman Samson, Daryl David et Willard Boudreau, démarrent l’exploitation dans le Parc industriel de Richmond puis dans un ancien garage sur le chemin de Pondville vers D’Escousse. Les Entreprises Samson fabriquent des petits bateaux de pêche et de plaisance en fibre de verre.

Le littoral de l’île de Petit-de-Grat était doté de « magasins » (remises) de pêche avant la venue des bateaux à moteur apparus vers 1917.

Les pêcheurs côtiers, situés à proximité des bancs de pêche, utilisaient la chaloupe à rames et voiles pour atteindre les bancs de poissons. Certains pêcheurs de l'extérieur y pêchaient pendant la saison mais retournaient chez eux en chaloupe pour l’hiver. Les pêcheurs résidentiels habitaient dans la communauté toute l'année.

Charles Robin, né en 1743 aux Îles Jersey dans la Manche anglaise, était le fils de Philip Robin (boutiquier) et d’Anne d’Auvergne, des Jersiais anglicans.

La compagnie Robin s’installa à Arichat en 1764-65 sous la gérance de Charles Robin pour exploiter les ressources naturelles de l’Isle Madame et ses alentours dont le poisson, le bois et la fourrure.

Les trappes sont des outils avec lesquels on pouvait pêcher ou capturer les poissons. Les trappes étaient utilisées à l'Isle Madame dans les années 1940, 1950 et 1960.

Il y avait cinq trappes à poisson dans la grande entrée du Havre de Petit-de-Grat : la trappe à Albany à Ned qui occupait la pointe de l’Anse-à-Maquereau, la trappe à Arthur à Alexandre qui occupait la Pointe-à-Calmorant, la trappe à Joseph à Danny qui était au large de l’Anse-des-Richard, la trappe des Comeau à l’entrée sud du Havre et dont s'occupait Earnest à Ned et la trappe « Big Arrow » de Willie à Harry qui occupait le nord de l’entrée du Havre

Premium Seafoods a été fondée à l’Isle Madame en avril 1984 par Jean-François Samson, son fils Brian et Edgar Samson.

L’entreprise débuta son exploitation avec une petite usine de transformation et un camion d’une demi-tonne pour faire du porte à porte. La première année généra un chiffre d’affaires de 66 000 $. Au cours des six premières années, l’entreprise vécut une expansion favorable et récolta un chiffre d’affaires de 2 000 000 $.