A l’automne 1918, les gens célébraient la fin de la première guerre mondiale. Les soldats revenaient des fronts européens. Le virus H5N1 qui s’abattra dans la région viendra assombrir cette période.
Ce virus fut transporté par un navire américain « l’Italy », qui était chargé de sel des Antilles pour l’entreprise « Les Frères Comeaux » à Petit-de-Grat. Frank Poole, Terre-Neuvien membre de l’équipage, fut la première victime de la grippe.
Les travailleurs qui déchargèrent la goélette furent les premiers paroissiens atteints par le virus qui se propagea d’un bout à l'autre de la paroisse. Les personnes touchées développaient une grosse fièvre avec une grave infection pulmonaire qui rendait la respiration difficile ou même impossible.
Les médecins locaux, les Drs LeBlanc et Cyr, furent dépassés par la situation; il était impossible de soigner autant de malades. Le chef des médecins de la Nouvelle-Écosse, le Dr Morton, et son équipe arrivèrent à Petit-de-Grat. Plusieurs familles furent placées en quarantaine. Les morts furent enterrés le même jour sans cérémonie ou rituel religieux. Les malades furent isolés afin de minimiser le contact humain.
Malgré les nombreux efforts déployés, soixante-deux malades trouvèrent la mort. La majorité des victimes furent les jeunes, les mères enceintes ou celles qui venaient d’enfanter.
Cette tragique page de l’histoire du petit village de pêche est encore très présente dans l’esprit des gens. Aujourd’hui encore, nous avons des témoins de cette tragique pandémie qui ont perdu un grand nombre de parents. Les Acadiens et les Acadiennes de Petit-de-Grat ont connu d’une façon directe la vulnérabilité de l’être humain durant la grippe espagnole de 1918-1919.