Le littoral de l’île de Petit-de-Grat était doté de « magasins » (remises) de pêche avant la venue des bateaux à moteur apparus vers 1917.
Les pêcheurs côtiers, situés à proximité des bancs de pêche, utilisaient la chaloupe à rames et voiles pour atteindre les bancs de poissons. Certains pêcheurs de l'extérieur y pêchaient pendant la saison mais retournaient chez eux en chaloupe pour l’hiver. Les pêcheurs résidentiels habitaient dans la communauté toute l'année.
Le printemps amenait la migration des pêcheurs du comté de Richmond vers le littoral de Petit-de-Grat. Parmi eux, on trouvait des Écossais de Point Tupper, Dundee et St. Peters, des Acadiens de l’Ardoise, Rivière Bourgeois et Louisdale, des Amérindiens de l’île Ste-Famille (Chapel Island) ainsi que des pêcheurs des divers villages de l’lsle Madame : Irlandais, Hugenots, Noirs et Acadiens. Cette population cosmopolite s’entraidait afin d’assurer sa survivance.
Le magasin de pêche comprenait deux étages. Au premier, on gardait les gréements de pêche et outils de transformation du poisson : picasses, bouées, barils, ponchons, étale, sel, cuves, boyards, boîtes à saler, filets, lignes à pêche, cales à morue, couteaux, cordage, attrapes, etc.
Le grenier du magasin servait de logis aux pêcheurs avec une cuisine rudimentaire et des paillasses sur le plancher. Là-haut, ils réparaient les gréements et les filets, et fabriquaient les lignes à pêche. Les préparatifs ne finissaient jamais.
La morue était reine des bancs de pêche : la morue verte et la morue séchée étaient déposées sur des vigneaux tendus dehors. Le maquereau et le hareng fendus baignaient dans des barils de saumure.
C’était la vie dure et robuste sans récompense des commerçants jersiais. La survivance était l’ultime motivation de cette vie de servitude.
Sources bibliographiques
DUPONT, Jean-Claude, Histoire populaire de l’Acadie, Les Éditions Leméac Inc., Ottawa (Ontario), 1978