Les produits de la ferme assuraient la survivance de nos ancêtres, tout comme la petite ferme de mon enfance pour ma famille. Un de ces produits était le beurre maison.
Le processus de fabrication était long. Lors de la traite des vaches, à la main, deux fois par jour, le lait était séparé en deux parties : le lait pour la consommation quotidienne, l'autre, plus épaisse, était coulée dans des terrines puis entreposées au frais dans la cave.
Au bout de deux jours, une crème épaisse remontait à la surface du lait. Il fallait écrémer le lait, déposer la crème dans une baratte, tourner la manivelle assez longtemps pour qu’un mélange granuleux et onctueux se forme : du beurre. Un lait de beurre ou petit-lait, reposant au fond de la baratte, était coulé dans un pot. Ce petit-lait servait à des fins médicinales.
Le beurre, retiré de la baratte, était malaxé à la cuillère de bois afin de le rendre homogène et d’extraire davantage le petit-beurre. Le beurre était rincé trois fois à l’eau froide.
Grand-mère faisait des gâteaux avec des raisins secs et le lait de beurre. Quel délice !
Croyez-le ou non… nos ancêtres lavaient leurs cochons avec le petit-lait pour éviter les maladies. La peau et le poil des cochons blanchissaient à la grande fierté des Acadiens qui avaient une préférence pour cet animal.
Un moule à beurre était utilisé pour mesurer le poids exact d’une livre. Chaque livre de beurre, déposée dans une tinette, était recouverte de saumure forte. C’était le seul moyen de conservation pendant de longs mois, surtout l’hiver lorsque le lait se faisait rare.
Sources bibliographiques
DUPONT, Jean-Claude, Histoire populaire de l’Acadie, Les Éditions Leméac, Ottawa, Ontario, 1978.